Didier Vermeiren est doublement sculpteur. D'abord parce qu'il donne volume à des formes, ensuite parce qu'il intègre l'histoire de la sculpture dans son travail. Pas toute l'histoire, et pas n'importe quels volumes. Il se trouve aujourd'hui dans l'atelier parisien transformé en musée du sculpteur Antoine Bourdelle, mort en 1929. Le jeune Belge et l'ex-assistant de Rodin dialoguent à pierre fendre. Non pour dire qu'il gèle. Plutôt pour extraire de la pierre et des autres matériaux une force expressive qui leur ferait rendre gorge.
Couvercle. Bourdelle le faisait en poussant le lyrisme parfois à la grandiloquence. Vermeiren le fait en poussant le concept jusqu'à la littéralité. Qu'est-ce qu'une sculpture ? Un objet sur un socle. Mais un socle est déjà un objet. Pourquoi ne serait-il pas lui aussi une sculpture ? Vermeiren peint en noir des cubes qu'il place sous des terres cuites. Comment transporte-t-on des sculptures ? Dans des caissons. Ces derniers deviennent les contenants des premières. Pourquoi ne pas les transformer aussi en sculptures ? Vermeiren dispose des cubes creux et des couvercles en plâtre sur des socles.
Retourner la sculpture comme un gant est le moyen de se dresser contre l'idée reçue qui voudrait qu'une statue soit d'abord du volume érigé dans un espace vide. Avec Vermeiren, le vide s'exhibe et donne ainsi du volume à l'espace lui-même. Ses sculptures ont l'aspect d'un énorme coffret dont on imagine qu'il aurait pu servir de caisse à une sculpture... qui n'