Vincennes, un matin frais, ensoleillé. Il n'est pas encore 10 heures. Le blues de John Lee Hooker accueille les clients, déjà nombreux. Face à l'entrée, tables et colonnes mettent en avant les premiers choix de cette librairie. Les romans noirs de John Harvey ou Edward Bunker. Owen Noone et maraudeur, de Douglas Cowie (Bourgois), «livre le plus rock de l'année». Un livre-DVD sur le foot. Quelques autres hors actualité : la Nébuleuse du crabe d'Eric Chevillard (Minuit), A quoi bon encore des poètes de Christian Prigent (P.O.L). Une dame à l'accent portugais, voisine de travail, vient demander si son livre autoédité se vend bien. Les commandes de Noël sont déjà là. Les 200 m2 débordent de titres. Des piles attendent d'être classées au bas des rayons. John Lee Hooker, toujours, accompagnant une discussion à trois sur les mérites d'un médecin du quartier.
Tourniquet. Millepages brille par l'ampleur des recommandations des libraires. De nombreux mots enthousiastes ornent les livres. Au fond, sur la table des poches, une trentaine de livres sont conseillés, ainsi Tierno Monénembo («Points» Seuil), prix Millepages 2000 pour l'Aîné des orphelins, roman évoquant le Rwanda.
Le statut de librairie généraliste n'empêche pas les dominantes ou les préférences. La science-fiction semble choyée. On aime les auteurs anglo-saxons autant que quelques Français redécouverts : André Dhôtel, Jacques Chauviré. Surtout, on ne boude ni son plaisir, ni celui du prochain, en proposant une palette très va