Envoyée spéciale à Anvers
«Street, art and fashion», qui s'inscrit au coeur des manifestations consacrées à la Russie dans le cadre d'Europalia (1), présente 160 images réalisées entre 1991 et 2005 par une trentaine de photographes. «Ce n'est pas un bilan de quatorze années de capitalisme en Russie, mais plutôt une réflexion sur cette nouvelle identité», explique Olga Sviblova, co-commissaire de cette exposition (2) et directrice de la Maison de la photographie de Moscou, riche de 80 000 oeuvres. «Depuis la chute de l'Union soviétique, la photographie est devenue un média dominant dans le nouvel art russe», poursuit cette femme intarissable sur la créativité de ces photographes new look dont elle suit la carrière avec attention.
Boomerang. Ce qui frappe au premier regard, c'est la parenté visuelle entre l'Est et l'Ouest, même si l'écart est immense dans le photojournalisme. Pour preuve, la guerre en Tchétchénie, dont témoigne Boris Kudryavov avec le portrait d'un combattant face à un miroir. Un effet boomerang en noir et blanc, qui propulse la guerre dans un temps archaïque, et que renforce Vladimir Vyatkin montrant les soldats sur le front, de loin, à une échelle dérisoire. Loin des canons, Georgy Pervov saisit les laissés-pour-compte de la société russe, une femme à bout de souffle, ou ces dames en rouge aux visages fatigués fumant comme des sapeurs devant une publicité où se dévoile une jeunesse allègrement gominée. Titre de sa série : Totalrealism.
«La Russie est un pays en