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Libération
Critique

Link Wray et Chris Whitley court-circuités

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Mort des deux guitaristes américains, le premier pionnier du larsen, le second orfèvre du country blues.
publié le 26 novembre 2005 à 4h40

Los Angeles correspondance

Link Wray n'a peut-être pas inventé le rock, mais il y a ajouté la délinquance. Jeune de coeur et vieux comme la roche, il a grondé jusqu'à l'âge avancé de 76 ans. Le sang-mêlé (Shawnee) de Caroline-du -Nord s'est éteint le 5 novembre à Copenhague, où il vivait depuis 1978 sur une île qui avait abrité Hans Christian Andersen.

Plus encore que par son larsen assassin (le premier de l'histoire), Wray a influencé trois générations de rockers par sa touche inquiétante, limite molesteur de fillettes : veste de cuir, clope au bec, silhouette sinueuse, il faisait clairement désordre dans l'atmosphère dentifrice des années 50. Son fameux son énorme est né un jour qu'on demandait aux Wraymen (Link et ses deux frangins) de jouer un «stroll», danse de l'époque, en file indienne (justement), au rythme lent. Comme il ne connaissait aucun stroll, Vernon Wray a juste placé le micro devant l'ampli de Link. Larsen ; extase immédiate des jeunes. Cherchant plus tard à reproduire le son en studio, Wray dut percer les minuscules haut-parleurs de son ampli pour obtenir un son crade à souhait. Cadence Records a vendu The Rumble (c'était l'année de West Side Story) à un million d'exemplaires.

Les Wraymen ont continué longtemps (sur Epic) dans la même veine loubarde : Rawhide, Jack the Ripper, Black Widow, etc. ; de quoi émouvoir tour à tour Pete Townshend, Neil Young, Bashung ou Tarantino (la fameuse scène de danse de Pulp Fiction). Ayant chopé la tuberculose à l'armée durant