Chez François-Xavier Roth, dans le centre de Nanterre, en région parisienne, il faut d'abord passer les vélos dans l'entrée, un couloir où partitions et paniers de linge disputent l'espace à des flight cases, puis la cuisine américaine, avant de découvrir l'ancienne grange de primeurs, qui doit servir de living quand les Siècles n'y répètent pas, comme aujourd'hui, le Concerto n° 1 de Chopin.
Charismatique. Les Siècles ne sont pas un garage band, mais c'est tout comme : un leader charismatique et une quarantaine de jeunes musiciens prêts à répéter gratuitement et à annuler leurs engagements respectifs dans les phalanges symphoniques où Roth les a repérés, pour devenir le meilleur orchestre de chambre du monde. Sans la moindre subvention, ils n'entendent pas moins faire la différence : pour les deux Concertos pour piano de Chopin, qu'ils exécuteront aujourd'hui à Gaveau et publieront en janvier chez le petit éditeur Polymnie, les Siècles et le pianiste Denis Pascal jouent sur instruments d'époque.
En ce dernier week-end de novembre, François-Xavier Roth, qui fut l'assistant de John Eliot Gardiner, se distingue avant tout par la clarté d'une gestique aussi ample que fermement enracinée. Pour faire travailler un rythme, un phrasé, définir valeurs, attaques ou accents, ce fils d'un fameux organiste utilise un mot comme «radical», donne à un pupitre l'équivalent espagnol de «couillu» comme indication, ou décompte la mesure dans un allemand ironiquement raide. Le résultat, en termes