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Libération
Critique

Soudain Soudan.

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A Bamako, les sixièmes Rencontres africaines de la photo-graphie réveillent des images d'un pays oublié.
publié le 28 novembre 2005 à 4h41

Long corps et bon sourire, Richard Lokiden Wani, membre de la tribu Koukou, à la frontière du Soudan et de l'Ouganda, déambule dans les salles du mémorial Modibo-Keïta, à Bamako. Gardien de son état, il est aussi photographe. Ses images sont accrochées, avec celles de dix autres Soudanais, aux sixièmes Rencontres africaines de la photographie, qui se déroulent jusqu'au 10 décembre.

Une quinzaine d'expositions, des débats, des ateliers, des remises de prix... Pendant un mois, Bamako met en vitrine la photographie africaine. Et même si les expositions gratuites touchent peu l'homme de la rue, la biennale, organisée avec le soutien de la France via l'Association française d'action artistique, permet de vérifier que l'image bouge toujours sur le continent.

Age d'or. Cette année, l'une des deux expositions les plus marquantes est celle du Soudan, Documents spontanés, 1935-2002. Son commissaire, le Français Claude Iverné, tente depuis six ans d'arracher à l'oubli les fonds d'un pays isolé sur le plan international depuis la dictature, puis l'instauration de la charia en 1983. Une façon d'écrire en images l'histoire de plus d'un demi-siècle.

Les années 60 et 70 représentent l'âge d'or de la photographie soudanaise. Au mémorial Modibo-Keïta, on peut toucher les images, disposées au sol ou sur des chaises, évoquant le désordre d'un atelier. Qu'est-ce qu'on y voit ? Des femmes avec des chignons à étages, des hommes aux visages scarifiés et au teint éclairci grâce à l'enc