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Libération
Critique

«Coda», mots d'ordre et de désordre

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publié le 3 décembre 2005 à 4h47

Vers la fin de Coda, l'homme pose une nappe soigneusement pliée au bout d'une longue table et sort. Il ne la dépliera pas. C'est au public de déplier les pièces du théâtre du Radeau, dont François Tanguy est le maître d'oeuvre, l'artisan poète. S'il limite le nombre de spectateurs, ce n'est pas par coquetterie mais par respect : le spectacle se doit d'étreindre le spectateur, de le prendre par les yeux et les oreilles. C'est un chemin de traverse. «Mettre tes pas quelque part et constituer ton tas. Plutôt que d'être là à voir le rideau rouge s'ouvrir», disait François Tanguy quelques heures avant la première, en commandant un couscous.

Fidélité. Coda, 1 heure 05 de lueurs, a été créé il y a un an (Libération du 9 novembre 2004). Les villes de France où il s'est joué depuis se comptent sur les doigts d'une main. Le voici aux Ateliers Berthier de l'Odéon, dans le cadre du festival d'automne ­ une double et belle fidélité. Qu'un tel spectacle «tourne» si peu laisse pantois. C'est aussi que le théâtre du Radeau rame à contre-courant d'un théâtre où l'on s'autosatisfait dans un rituel de reconnaissance, où un modèle chasse l'autre. «Il ne s'agit pas de se retrancher, dit Tanguy, mais de décaler le centre de gravité de ce qui fait la rencontre», d'être à l'affût de «ces frottements qui vont desserrer la prise».

Pour tout commentaire à Coda, Tanguy a écrit une simple phrase : «L'intitulé "coda" dérive de la figure musicale du motif à la fin d'un morceau, étendu ici au mouvement théât