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Libération

L'aubaine à Drouot tourne à la déveine

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Les musées de France réclament des pièces d'argenterie aux acheteurs d'une vente de 2001.
publié le 5 décembre 2005 à 4h48

L'hôtel Drouot est hanté par les mystères. Mais celui qui entoure la dispersion, il y a quatre ans, d'une «grande collection européenne» ne fait que s'épaissir. Aujourd'hui, la Direction des musées de France réclame aux acheteurs la restitution de treize pièces d'argenterie appartenant au musée de la Renaissance, au château d'Ecouen, dont la disparition était passée inaperçue.

Le 14 décembre 2001, une animation frénétique s'est emparée de Drouot. Dans une vente banale, se sont glissés 34 objets d'art et meubles marqués d'un R suivi de quatre chiffres, connus pour être la marque d'inventaire des Rothschild. Les estimations sont ridicules, quelques milliers d'euros. Curieusement, ces marques ne sont pas mentionnées au catalogue. A l'affût de la bonne affaire, marchands et collectionneurs se pressent dans une salle bondée. Les enchères s'emballent. Les estimations sont centuplées. Les lots Rothschild dépassent les 4 millions d'euros. Personne n'a la moindre idée de leur origine, délibérément dissimulée...

Certificats délivrés. Une semaine plus tard, Libération révèle qu'ils proviennent de la maison Salomon de Rothschild, entourée d'un beau parc rue Berryer, léguée à l'Etat en 1922 par sa veuve, la baronne Adèle. Cette vente en catimini avait été organisée par la directrice de la fondation qui administre les lieux. Le président, le baron Eric de Rothschild, tombe des nues. La directrice est congédiée. Mais la vente était légale: statutairement, elle n'était pas obligée de requérir