A l'approche des fêtes, les maisons d'opéra ont coutume d'afficher des oeuvres légères, voire pétillantes. Gérard Mortier, après avoir fait entrer il y a quelques jours le gospel à Garnier (la Tentation de saint Antoine mise en scène par Bob Wilson), propose de retrouver à Bastille l'Amour des trois oranges, de Prokofiev, qui n'avait pas été présenté à l'Opéra de Paris depuis 1983. Le chef Sylvain Cambreling et le metteur en scène Gilbert Deflo, qui firent les grandes heures de la Monnaie de Bruxelles sous Mortier dans les années 80, allaient-ils faire oublier la récente féerie sur tréteaux dirigée à Aix par Tugan Sokhiev et animée avec frénésie par Philippe Calvario ?
Grand professionnel plutôt qu'auteur, à l'instar d"une Francesca Zambello, mais avec un sens plus aiguisé de l'élégance et de la poésie, Gilbert Deflo affectionne les décors uniques et fonctionnels qu'il commande à William Orlandi : paravents concentriques pour Manon, piste de cirque pour Don Quichotte et grande structure métallique en arène pour cet Amour des trois oranges. Au coeur du dispositif, un prince mélancolique, condamné par une sorcière à poursuivre trois oranges à travers le monde.
Maléfices. Ce prince, que tous essaient désespérément de faire rire, triomphera des maléfices et épousera Ninette, l'une des trois princesses emprisonnées dans les oranges, ayant survécu in extremis à la déshydratation rapide succédant à l'ouverture des fruits.
Là où Calvario mettait d'emblée la gomme, sur le modèle de son