De son vivant, Alphonse Allais avait fait publier ses oeuvres anthumes. L'embolie qui l'emporta à 51 ans en 1905 ne lui laissa pas le temps de publier ses abondantes oeuvres posthumes. D'autres s'en sont chargés, présentement François Caradec, dont l'éruptive érudition fait autorité. Voici donc que paraissent, à une encablure des cadeaux de Noël, les oeuvres anthumes et posthumes serrées dans un même coffret. De part et d'autre on retrouve ces piquantes histoires ramassées en peu de feuillets que l'humoriste et conteur écrivait sur un coin de table avant de les expédier aux journaux et après les avoir oralement patinées auprès de ses amis fumistes, hirsutes ou hydropathes. Les lecteurs de l'époque, qui n'avaient pas encore la télévision ni même le transistor, attendaient ça comme aujourd'hui la météo. Allais fut, de fait, un baromètre de son époque, passant du Chat noir (l'hebdomadaire) au Journal voire à la Revue blanche où l'avait fait entrer Félix Fénéon, autre maître en brèves facéties. C'est dans cette dernière revue qu'Allais («Celui qui ira», décréta Jarry) publia son seul roman, l'Affaire Blaireau. Si vous voulez connaître le mystère de la «cancaliseuse» (un appareil à transformer les portugaises en cancales), si vous voulez en savoir plus sur le traitement de la laryngite chez les girafes du haut Niger, offrez-vous ce coffret. Allais pratiquait tout avec une constante légèreté : le fait divers, l'humour vache ou noir (Breton le glorifia), le faux hétéronyme et même
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publié le 9 décembre 2005 à 4h52
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