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Libération

Finkielautre

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publié le 9 décembre 2005 à 4h52

Voilà deux semaines, voilà un siècle, certain mousquetaire de l'instant fatal nommé Finkielkraut découvrit dans le Monde, quotidien français, les morceaux choisis d'un entretien sur la banlieue, ses émeutes, ses minorités majoritaires, ses jeunes désintégrés, leur violence, toute chose dont il est spécialiste comme vous et moi, qu'il avait donné sous forme de portrait dans Haaretz, quotidien israélien. Il s'empressa aussitôt d'expliquer dans le Monde, à Europe 1, sur France Culture et dans Libération, qu'on avait déformé ses propos, qu'on le persécutait. Il put ainsi s'excuser, corriger, préciser, amender ses excuses et ses précisions, puis amender ses amendements. La presse honnie devint l'immense note en bas de page d'un livre qui reste à écrire, et dans lequel Finkielkraut expliquera de quelle campagne fantôme il fut victime. Ce livre fera lui-même l'objet de nombreux articles, les uns favorables, les autres hostiles. Le tout fera réagir l'auteur, à qui la presse qu'il dénonce ouvrira généreusement ses colonnes, etc. Une remarque, surtout, mérite d'être notée. Finkielkraut commence par dire qu'on a fait de lui un être raciste dans lequel il ne se reconnaît pas, qui ne peut être lui, un Finkielautre qui n'est rien qu'une horrible fiction, un personnage de papier que lui-même ne peut que détester. A ceux qui ont trois ans et demi de mémoire, cette candide dénégation en rappela une autre : celle du Premier ministre Lionel Jospin qui, en mars 2002, après avoir fait dans un av