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Libération
Critique

La Belle Epoque dans le vif du muet

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Une rétrospective des premiers films documentaires, de Méliès à Sacha Guitry.
publié le 9 décembre 2005 à 4h52

«Lorsque le cinématographe nous fait assister au travail d'un insecte, aux chutes du Niagara, à un combat de boxe, en un mot chaque fois qu'il reproduit pour nous la vie, il nous procure un plaisir sans pareil...» Ainsi parlait Sacha Guitry, fasciné par les actualités filmées en 1912. Le cinéma muet regorge de trésors documentaires et de films de reportage. Peu programmés, même si l'état des restaurations est plus avancé qu'on ne le pense, c'est le mérite de la rétrospective «Image(s) et vie(s)» de nous les faire découvrir.

Le documentaire est la passion première du cinématographe. Les frères Lumière envoient des opérateurs à travers la France et dans le monde afin de ramener des Vues qu'ils diffusent à grande échelle. Georges Méliès commence par cette matière brute, la vie elle-même, filmant Un jardinier brûlant des herbes, Un lycée de jeunes filles, ou le Boulevard des Italiens, trois courts documents de 1896. Très vite, le même Méliès invente le «docu-fiction», reconstituant dans ses studios de Montreuil le couronnement d'Edouard VII ou le procès de Dreyfus, même la révolte du Potemkine, transférée de la mer Noire aux bords de Marne. En 1907, à l'initiative de Charles Pathé, naît le premier Journal d'actualités filmées, dirigé par Verhylle et Doublon, dont le succès entraîne la réplique des concurrents : les Actualités Gaumont en 1909, puis l'Eclair Journal.

Les scientifiques de la Belle Epoque comprennent également les ressources documentaires du nouveau média : le docteur