A quelques jours de Noël, Opera Proibita, le dernier Bartoli, est en tête des ventes classiques. 100 000 exemplaires, c'est un score déjà enviable pour nombre de groupes rock à la mode, mais également pour les Bowie, Dylan et autres légendes n'atteignant pas ce chiffre dans l'Hexagone. Triomphe prévisible, diront certains, ce disque ayant été conçu en tenant compte de nombreux paramètres qui contribuent au succès d'un disque pop. Depuis son Vivaldi Album, écoulé à un demi-million d'exemplaires (chiffre faramineux pour un disque classique aujourd'hui), la mezzo romaine doit à chaque fois relever le défi. Certes, une Marilyn Horne, au volume vocal plus imposant, ne l'a pas attendue pour se distinguer comme diva du baroque. Mais, à l'époque, la popularité de Horne n'était rien, comparée à celle d'une Callas : les «vraies» divas chantaient le répertoire vériste et belcantiste du XIXe siècle.
Que la chanteuse classique la plus populaire du jour soit une interprète baroque est donc un événement, et semble inspirer Renée Fleming, qui publiait l'an dernier un dispensable disque Haendel, comme Natalie Dessay publiant cette semaine chez Virgin un Delirio également haendelien. L'explosion du baroque dans les années 80 imposa la figure du chef musicologue, parcourant les bibliothèques du monde pour reconstituer des trésors oubliés. Avec son Vivaldi Album, Bartoli prouve qu'il n'y a pas de crise du disque classique, mais de l'imagination des directeurs artistiques. Le Vivaldi Album comme