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Libération
Critique

Visite au mausolée Guibert.

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publié le 10 décembre 2005 à 4h54

«Et maintenant ton secret est devenu aussi mon secret, conclut Philippe Calvario. Il fait partie de moi, et je me comporterai avec lui comme avec tous mes secrets : j'en disposerai au moment venu. Et il deviendra le secret d'un autre.» Patrice Chéreau répond : «Tu as raison. Il faut que les secrets circulent...» Silence. Musique. C'est fini. L'humour, la férocité, la tendresse et l'impudeur d'Hervé Guibert, auront circulé à la vitesse d'une tâche de mercure, menaçante et souvent drôle.

Les deux acteurs, manuscrit en main à hauteur d'yeux, debout se mesurant ou attablés, font si bien en sorte de «débrancher la sentimentalité» que l'auditoire rit au descriptif par le mourant de ses jours d'hôpital. Le pied à perfusion sans roulettes, le vacarme de la salle de réanimation, un mort sur un brancard grinçant. Guibert continue d'écrire, de passer le temps, de le casser. C'est Cytomégalovirus. Quelques jours plus tard, le 27 décembre 1991, il aura disparu, après avoir cherché à se suicider.

«Nous commençons par le pire pour finir léger», dit Patrice Chéreau, se souvenant du jour de printemps 1990 où, ayant lu A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, il appela Hervé Guibert, perdu de vue durant ses années à Nanterre avec le dramaturge Bernard-Henri Koltès. «D e ce moment-là, où il révéla son infection par le sida, je ne l'ai plus abandonné. Je l'ai beaucoup aimé, mais pas très bien. C'était quelqu'un d'incroyablement généreux et fidèle, même si péremptoire parfois.»

L'histoire de la rencont