La petite entreprise d'Agnès Varda ne connaît pas la crise. Comme à chaque fin d'automne, un nouveau DVD vient prendre place dans la vitrine de la boutique Ciné-Tamaris, au 83, rue Daguerre, Paris XIVe. A son menu, deux films, Cléo de 5 à 7, une fiction en temps réel sur une jeune femme qui attend un rendez-vous décisif avec son médecin ; et Daguerréotypes, un documentaire sur un petit morceau de la rue Daguerre, où Agnès Varda vit depuis près d'un demi-siècle, «un document modeste et local sur quelques petits commerçants» qui, assure-t-elle avec malice deviendra «des archives pour les archéo-sociologues de l'an 2075».
Portrait de femme. Deux films qui, explique la réalisatrice dans sa note d'intention, la «représentent bien» dans ses «désirs de filmer entre fiction et documentaire». Ainsi, Cléo de 5 à 7 peut-il être considéré autant comme «un portrait de femme inscrit dans un documentaire sur Paris» que «comme un documentaire sur une femme et l'esquisse d'un portrait de Paris». Alors que, dans Daguerréotypes, le cinéma du réel de ses voisins de la rue Daguerre ouvre des portes à l'imagination, donc à la fiction...
Comme pour les précédents titres d'Agnès Varda (les Glaneurs et la glaneuse, Sans toit ni loi), ce double DVD a été conçu avec une démarche artisanale plutôt rafraîchissante dans un secteur de l'édition vidéo soumis aux lois d'airain du marketing. L'artisanat selon Varda consiste notamment à remettre son métier cent fois sur l'ouvrage, quitte à modifier deux collure