La petite histoire du clip est jalonnée de gimmicks plus ou moins récurrents. Exemple : le procédé des «lettres animées». Consonnes, voyelles et/ou chiffres tournoient, zèbrent, défilent souvent sur nos écrans MTV. Les plus fins lettrés se souviennent très bien de l'ancêtre Subterranean homesick blues de Bob Dylan (1965). Il y jetait littéralement des mots à terre. Les plus «à cheval» d'entre nous exhument en henissant d'érudite satisfaction le LNAHO de Michel Polnareff, ou la Tour de Pise de Jean-François Cohen, un vieux chef-d'oeuvre de Michel Gondry (1993). Les plus béotiens, eux, se souviennent à peine de la Danse des mots de Jean-Baptiste Mondino, qui leur évoque les vermicelles alphabétiques de la soupe régressive de leur enfance. Enfin, le hit electro The Child d'Alex Gopher rejouait au début du millénaire ce système éprouvé de «mots croisés» avec des taxis new-yorkais. Ces jours-ci, un petit nouveau débarque : les Mots de Mickey 3D (réalisé par Gilles Porte, César première oeuvre avec Quand la mer monte). Celui-là aussi produit un sympathique petit effet Oulipo mass-médiatique. On suit en caméra subjective un type en vélo, combinaison noire et rouge. Il circule manifestement sur des routes de montagne («le Galibier», clairement indiqué). Ce cycliste solitaire rappelle Samy Frey pédalant au théâtre des Je me souviens de Georges Perec. Sauf que lui traverse la campagne comme un jeu vidéo. Il franchit une commune qui s'appelle «Lemo». Il roule sur les légendaires inscri
Déchiffrer des lettres
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par Emmanuel PONCET
publié le 16 décembre 2005 à 5h00
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