Drouot-Richelieu, vendredi, 14 h 30. La salle n° 7 est pleine comme un oeuf : deux cents livres exceptionnels vont être dispersés. L'immense bibliothèque de Pierre Berès, «le plus grand libraire du monde», est en train de se disloquer pan par pan. En juillet dernier, les opérations ont débuté avec la mise aux enchères des «outils de travail» : catalogues, volumes sur l'histoire du livre, de l'imprimerie, de la typographie, etc. Soit 1 400 lots écoulés pour 765 000 euros, alors que l'ensemble n'était estimé qu'à 400 000 euros. En octobre, le spectacle a vraiment commencé avec la vente d'ouvrages allant d'incunables à de précieuses éditions originales contemporaines. Aujourd'hui, c'est la suite de cette vente qui réunit près de trois cents personnes rue Drouot. Un seul des deux cents ouvrages proposés ne trouvera pas preneur.
Mais pour l'instant, il y a derrière la table quatorze personnes prêtes à gérer la vente. C'est Frédéric Chambre, de Pierre Bergé & Associés, qui tient le marteau. Tout de suite arrivent de belles choses, comme ces Elementa d'Euclide imprimés en 1482: «La typographie au service des mathématiques», claironne le catalogue. Le livre part pour 52 000 euros. Une impressionnante collection d'ouvrages scientifiques se met à défiler, jusqu'à l'apparition de la vedette du jour : le Theatrum Orbis Terrarum du géographe Abraham Ortelius, imprimé à Anvers en 1573 et considéré comme le tout premier atlas. Le compteur s'affole, s'arrêtant quelques dizaines de secondes p