Avec Nature + Eye'm'Hungry, John Maeda présente sa première grande exposition européenne au sous-sol de la Fondation Cartier, à Paris. Ni les médias, ni les institutions culturelles n'avaient jusqu'ici rendu compte du génie de ce webdesigner. Américain d'origine japonaise, il est pourtant encensé dans le milieu de moins en moins confiné des amateurs de fantaisies électroniques, et s'échappe du créneau parfois étroit des arts numériques pour livrer au plus grand nombre ses peintures numériques abstraites où l'oeil s'amuse à identifier un flocon de neige ici, une tige de fleur là, ou un nuage de lumière qui se transforme en kaléidoscope pixelisé.
John Maeda, qui aura 40 ans en 2006, est pourtant un vieux briscard des nouveaux médias. Formé à la programmation aux Etats-Unis, puis aux arts décoratifs au Japon, il est l'un des inventeurs les plus prolifiques du design interactif, une discipline intimement liée à l'apparition de l'Internet et de sa partie graphique, le Web, dans les années 90. Bardé de prix et distinctions internationales, le maître enseigne au prestigieux MIT (Massachusetts Institute of Technology de Boston) dans l'encore plus célèbre Medialab, toujours en avance d'un concept.
Alors qu'il prônait il y a moins de trois ans le retour au «less-tech», tournant le dos au code pour s'intéresser au monde physique, le voilà qui revient à l'écran, sans verser pour autant dans l'hypertechnologie. Au contraire, sa proposition encense une forme douce et contemplative de créati