Epaules nues dans un fourreau noir qui révèle une silhouette impeccable, talons aiguilles et crinière de feu: la soixantaine entamée, Elza Soares entre en scène, spectaculaire. Une à une, trois mulatas en minirobe la rejoignent sur un rythme de samba. La mulata est une icône de la samba qui danse semi-nue pendant le carnaval. La chanteuse entonne l'un de ses succès: Mulata assanhada («métisse allumeuse»). Elle est presque à ras le sol sur ses jambes fléchies quand, après une envolée de scat, sa voix rauque d'Afro-Brésilienne retombe dans un souffle sensuel.
Née dans la favela, celle qui est tenue ici pour la dernière diva de la samba est à l'affiche de Brasil Brasileiro, le spectacle du metteur en scène argentin Claudio Segovia, qui s'ouvre ce soir à Paris. «J'ai mis de côté mon propre concert pour prendre part à ce spectacle, confie-t-elle. Claudio le mérite.»
Ce spectacle de musique, de chant et de danse est le dernier en date de ceux que Segovia consacre depuis 1980 aux cultures populaires (1). Brasil Brasileiro est le fruit de sa «passion ancienne pour le Brésil, son métissage extraordinaire et sa musique populaire, créée dans l'adversité» par les descendants des esclaves des colonisateurs portugais, dont les activités artistiques étaient réprimées. «C'est l'histoire de cette musique racontée par elle-même», ajoute le metteur en scène, qui a passé ces quatre dernières années à Rio, bastion musical du pays.
Il démarre sur un hommage à Pixinguinha, le maître du choro, genre r