Envoyée spéciale à Monte-Carlo
Les Ballets de Monte-Carlo fêtent leurs vingt ans : ils pourraient aussi bien célébrer un siècle d'existence, puisque ce sont les Ballets russes et Serge Diaghilev qui eurent la bonne idée d'inaugurer la première résidence de danse au Théâtre de Monte-Carlo. Après moult épisodes, en 1985, Caroline de Monaco remit sur pied une compagnie permanente, dirigée depuis 1993 par Jean-Christophe Maillot.
Pour cet anniversaire, le chorégraphe directeur s'est emparé du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare. Ce n'est pas la première fois qu'il revisite le répertoire chorégraphique et littéraire, puisqu'il a signé des versions honorables de Roméo et Juliette, Casse-Noisette ou la Belle et la Bête. (1).
Faune délurée. Pour cette nouvelle création, le Songe, le pari était plus hardi encore. La comédie onirique, qui emporte les êtres les plus interlopes dans un tourbillon, se prête généreusement à l'écriture du chorégraphe, qui emprunte à plusieurs registres : mime, pantomime, vocabulaire classique ou encore abstraction. Le choix de deux compositeurs contemporains Daniel Teruggi pour l'univers du groupe des Fées, Bertrand Maillot pour celui des Artisans est cohérent et s'accorde avec les musiques de Mendelssohn pour les Athéniens. Le décor et la scénographie d'Ernest Pignon-Ernest ne créent pas un cadre plastique à la danse, mais un véritable lieu fantastique, habitable par une faune des plus délurées. Ce lieu suspendu du Songe est contredit par l'espace du p