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Dans la tête de Matali Crasset

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Le Salon du meuble qui s'est ouvert hier à Paris l'a élue créatrice de l'année. A cette occasion, la designer qui n'aime pas les meubles et préfère plancher sur les usages quotidiens a été invitée à «remoduler» nos pages.
publié le 6 janvier 2006 à 20h00

Matali Crasset, 40 ans, créatrice de l'année du Salon du meuble de Paris 2006, n'aime pas les meubles. Elle n'est pas non plus du genre à dessiner une chaise de plus. A l'Ensci (Ecole nationale supérieure de création industrielle), elle n'a pas été formée à cela, dès le départ, elle a imaginé «une avalanche de projets bizarres qu'elle a jetés dans une lessiveuse». Depuis, dans sa marmite de terrienne champenoise, plus anthropologue que stylicienne, cette designer passe au crible les rites domestiques. Elle rapproche objets et intentions, et l'intention prime toujours sur le dessin : celle d'inviter par exemple son ami Jim à dormir chez elle. Pour lui, elle a imaginé «Quand Jim monte à Paris», une «colonne d'hospitalité», un haut casier qui contient un lit, une lampe et un portemanteau. Un nécessaire pour recevoir comme il se doit cet ami venu de province. Depuis, elle a continué à tout expérimenter, le verre, le gonflable, le bois, toujours dans le but de déranger les typologies liées à ces matériaux. Elle hybride domesticité et technologie, greffe différentes fonctionnalités, relie intérieur et extérieur, intimité et sociabilité, met en réseau toutes les actions de la vie quotidienne avec des images numériques, des halos lumineux, des sons musicaux et des émotions olfactives. L'arborescence de la nature, qu'elle réinterprète de manière artificielle, sert de structure-métaphore à ses réalisations, elle nervure lampes, salles de bain, scénographies, installations, architectur