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Libération
Interview

Matali Crasset «Je n’aime pas légumer sur une assise»

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Entretien. Matali Crasset revient sur son parcours, sa démarche, et explique son intervention dans les pages de «Libération».
publié le 6 janvier 2006 à 20h00

Comment êtes-vous intervenue sur ce numéro spécial de «Tentations»?

J'aime faire les choses que je n'ai jamais faites, je me suis sentie à l'aise avec Libération car je le lis tous les jours. J'y traque les têtes chercheuses qui me permettent de nourrir mes recherches, de confirmer mes intuitions. Un journal, c'est un carburant pour faire des choses. Je ne voulais pas proposer une rétrospective de mon travail. Je me suis propulsée dans mon futur, pour faire émerger ce qui est encore en germination dans ma tête, pas encore formulée. La carte blanche «soft fiction» (lire p. IV), où j'émets différentes hypothèses, me permet d'éclaircir ma réflexion. C'est un vrai projet prospectif, pas de la décoration. Graphiquement, j'ai choisi de faire défiler une bande passante de pixels, qui relie toutes les pages du supplément. De cette bande, tombent des gouttes ou des ballons, qui cassent les codes de Libération, créent des bouffées d'air, de la légèreté, avec des fonctions de zoom pour le texte ou l'image. C'est un système éphémère, mais ouvert, qui pourrait avoir d'autres applications. Cette intervention dans Libération est une occasion unique de montrer la trame invisible de notre métier de designer.

Comment est née cette envie pour ce métier ?

J'ai grandi dans une ferme en Champagne, à Normée, village de 80 habitants. Je ne savais pas ce qu'était un designer. On n'y avait pas la même culture qu'en ville. J'ai d'abord fait des études de marketing à Troyes, et le déclic est