Il s'était fait une spécialité du décollage d'affiches. Mimmo Rotella est mort dimanche à Milan. Il avait 87 ans. La lacération d'affiche faisait florès dans les années 1950. Elle s'est développée parallèlement au mouvement des nouveaux réalistes lancé par le critique d'art Pierre Restany. Dès 1949, à l'initiative de Jacques Mahé de la Villeglé et de Raymond Hains, un groupe se forme, les «affichistes», qui, outre les fondateurs, compte deux autres membres : François Dufrêne et leur aîné Mimmo Rotella. Ce dernier est ainsi le seul artiste de cette mouvance aussi connu en Italie qu'en France.
Car le vétéran Rotella avait déjà fait ses armes à Rome. Il s'était d'ailleurs fait une spécialité de l'affiche de cinéma, choisie en fonction des images de stars dont la célébrité était susceptible de plaire à un grand public. Les deux exemples les plus convaincants de cette pratique sont empruntés à Europa di Notte (1959) d'Alessandro Blasetti (avec Henri Salvador et Carmen Sevilla) et à la Dolce Vita de Fellini. Ces affiches «rotellénisées» se retrouveront, du reste, avec nombre de leurs semblables dans l'exposition Cinecittà, en 1962, à la galerie parisienne J. Les starlettes déchirées par l'artiste italien ont vu leur notoriété s'accroître avec la valeur érotique indexée au geste de l'artiste : déchirer l'image pour susciter des réactions ou sensations déchirantes.
Libidinal. Rien, pourtant, ne laissait présager une telle virtuosité dans le traitement de l'imaginaire libidinal cin