Près de la mairie du XVIIIe arrondissement parisien, au coeur d'un îlot encore populaire, la rue du Poteau brille par ses commerces de bouche. Il y a dix ans, deux libraires qui aimaient ce quartier et pensaient y trouver une clientèle à leur goût, point trop uniforme, créèrent L'Humeur vagabonde, librairie générale qui tire son nom d'un roman d'Antoine Blondin. Un nom qui sonne bien, ici.
Aujourd'hui doublée d'un espace jeunesse sur le trottoir d'en face, L'Humeur vagabonde propose un choix impressionnant sur une petite surface : 25 000 volumes couvrent les champs de la librairie générale, avec une prédilection pour la littérature, un bon choix de bandes dessinées et de policiers présenté dès la vitrine, à côté des livres sur la musique rock des éditions Camion blanc.
Déambulation hallucinée. Le classement est volontairement simple. Chose rare, les romans sont classés alphabétiquement, tous formats et langues d'origine confondus. Si les bandeaux et petits mots de recommandation semblent partout de plus en plus de règle, ici, la discrétion prime. Les libraires sont disponibles pour tout échange, l'agencement et le choix tenant lieu de première indication.
Au milieu des nouveautés habituelles, quelques petits signes. Arthur Cravan, bras croisé, polo blanc, est affiché au détour d'une étagère. Un client pose une colle au libraire. Pas de titre. Pas d'auteur. Pas d'éditeur. Un mince indice sur l'intrigue. «Alors, là... Quelqu'un peut m'aider dans la salle ?» Un homme s'approche co