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Libération

La White Pride.

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par Christian SALMON
publié le 14 janvier 2006 à 20h03

SAMEDI.

Chronocratie.

Rétrospectives en tous genres. Commémorations. L'actualité en soldes. Chaque année, à pareille époque, on peut observer le triomphe de ce que Peter Watkins a nommé «la monoforme» : un torrent d'images et de sons, au montage saccadé. Robinet d'images de catastrophes, de guerres, d'attentats, de banlieues en flammes... auquel ne nous rattache plus aucun fil narratif. Nous sommes placés dans des états de mobilisation permanents, d'excitation et de stress. Le conformisme ne se limite plus au respect des modes et des idées reçues, il est soumission aux rythmes de synchronisation. Chronocratie. Le performatif a remplacé l'information. Le partage des expériences a cédé la place à la manipulation des émotions ; N. Sarkozy ne vient-il pas de l'avouer au metteur en scène B. Sobel : «Moi je travaille à l'émotion, j'en ai besoin.» Et Sobel de répondre : «Moi c'est justement le contraire, je travaille à la raison, l'émotion est dangereuse.» «La seule victoire, écrit Victor Pelevine, c'est de débrancher le téléviseur. Ce clic d'adieu du bouton du téléviseur qui chasse la luminescence unipolaire du kinescope est mon apport héroïque à la cause de la résistance intellectuelle mondiale.»

DIMANCHE.

Epiphanies à la frontière.

Peu avant la fermeture du centre de la Croix-Rouge, la photographe franco-vénézuélienne Anabell Guerrero a réalisé, de juin à septembre 2002, un reportage à Sangatte parmi les réfugiés afghans, kurdes, irakiens... ces non-citoyens que G. Agamben a qualifié