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Libération
Critique

La voix de son Net

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publié le 20 janvier 2006 à 20h06

Un jeune homme déambule dans la galerie Sollertis à Toulouse, un casque sur les oreilles, et tente d'engager une conversation avec des visiteurs interloqués. Prenant à parti deux quinquas cravatés, il débite avec naturel un charabia heurté, pseudo-cohérent par moments, sans queue ni tête à d'autre : «On peut s'inscrire de manière gratuitement à l'amour, au sexe, à l'amour... en Turquie, salope, et dans notre contrée comme dans notre salope de France, on change de douche, on va de partouze en partouze, un peu comme dans... on introduit, euh toutes des salopes, maintenant, moi je fais des caresses, des cadeaux, pour la Saint-Valentin...» Le comédien Jérôme Piques est Human Browser, le premier navigateur humain, une performance imaginée par le Net-artiste Christophe Bruno. Son discours ne lui appartient pas : il est composé de bribes de textes récupérés sur le World Wide Web.

Mots-clés. Le comédien se contente de répéter ce qu'il entend dans son casque, en l'occurrence, une voix de synthèse qui lit un flux textuel provenant de l'Internet en temps réel. Selon le contexte où se trouve l'acteur, Christophe Bruno, tape des mots-clés (sur son PDA Wifi) envoyés à un programme qui va utiliser le moteur de recherche Google pour scanner la Toile et récupérer des textes en rapport. Histoire de donner l'illusion d'une conversation rationnelle. Le comédien interprète le web en live, le plus fidèlement possible. «La consigne, c'est zéro censure, faire en sorte que le texte soit brut avec son