L'homme sent. Il ne se lave pas souvent. Comme les animaux, il a tendance à vivre sans vêtements. La femme est plus végétale. Elle sent «l'herbe mouillée», dit le père à sa fille dans les Ténèbres ; «les vêtements de laine mouillée», dit l'homme dans les Antilopes, deux pièces traduites en français (1) du romancier Henning Mankell, qui partage sa vie entre la Suède (pays natal), où se passent les enquêtes policières de son célébrissime Wallander, et le Mozambique, où, entre autres choses, il travaille au sein de la seule troupe de théâtre du pays.
Canevas des Ténèbres : un père et sa fille, rêvant d'asile au Canada, sont réfugiés dans une pièce. Ils sont partis d'un pays lointain, probablement d'Afrique, où un journaliste qui parlait trop a vu sa langue coupée par le Premier ministre (on songe à Carlos Cardoso, journaliste mozambicain, grand ami de Mankell, assassiné en pleine rue). Lors d'une traversée en bateau pour atteindre la Suède, le père a lâché la mère, sa fille le lui reproche dans un infernal huis clos entre corps et autorité.
Carcasse. Canevas d'Antilopes : en Afrique, un couple d'expat' sur le départ. L'homme travaille dans l'humanitaire (il fore des puits artésiens) et attend son successeur dont l'avion tarde. Dernière soirée entre attente et bilan. Jean-Pierre Vincent a choisi de monter les Antilopes, pièce de 1989, la plus ancienne (Ténèbres a été écrit en 2000) et la moins forte des deux.
Le canevas n'est qu'une carcasse où l'homme accroche sa viande et la femm