Il n'est pas certain que la pochette de Love and Youth, le premier album solo de Jenny Wilson, soit son meilleur argument de vente. Elle y apparaît de profil, chignon et barrette dans les cheveux, maquillée «comme une voiture volée», une coulée de sang glissant d'une de ses narines. L'artwork est un peu lourd, comme sorti des an-nées 80. Mais, à 30 ans, la Suédoise exhibe une science maîtrisée de l'écriture, une subtile façon de raconter des histoires farouches et intimes.
A commencer par Let my Shoes Lead and Forward qui trône au milieu de l'album. Sur un clavier et une boîte à rythme sommaire, Jenny Wilson détaille l'errance nocturne d'une jeune femme partie sur un coup de tête et sans bagage. La voix rappelle celle d'Anne Clarke. Les textes, ceux d'un journal intime caché sous le matelas : «J'ai écrit toutes ces chansons dans un même mouvement. Sans réaliser un concept album, je voulais qu'elles évoquent l'adolescence, cette période si déterminante de la vie où le monde nous apparaît terrible et intransigeant. Des histoires sombres, bien sûr.»
Etudes. Wilson est alors étudiante dans une école d'art de Stockholm. Love and Youth constitue son projet de fin d'études : vingt heures par jour, douze mois durant, elle expérimente : «Je voulais faire quelque chose de vraiment nouveau. Je me suis plongée dans une recherche très personnelle, une introspection : comment pouvais-je utiliser ma voix ? Quels instruments m'aideraient à rendre palpable ce que je ressentais ? J'ai éprouvé l