Vernissages «presse, VIP et grand public» se sont succédé vendredi dernier au Palais de Tokyo. A la fin de la soirée, au vu de la queue monstrueuse devant le palais, les commissaires Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans se seraient félicités de ce succès bien parisien pour un raout ayant dépassé les 15 000 personnes au doigt mouillé.
Telle est aujourd'hui l'ambition d'une manifestation d'art contemporain à la française, sous la dictature médiamétrique. Elle mesure son mérite en chiffres d'entrées (gratuites avant l'ouverture). Pareille exposition, qui ne distingue que le record quantitatif, mérite donc un petit portrait-robot. Sa terminologie emprunte aux lieux communs de la science-fiction émaillant le vocabulaire en vogue au Palais de Tokyo.
Le titre. Notre histoire... (exergue : «Elle s'ouvre sur trois points de suspension»). Quelle histoire et à qui s'adresse-t-elle ? Les responsables du palais ayant fini leur mandat, s'en vont. Ils présentent leur bilan tout en s'en défendant par une pirouette : «Notre histoire est une exposition tournée vers le futur, une exposition qui constitue aujourd'hui la mémoire de demain.» Passé, futur, présent agglutinés dans un seul slogan font un peu tourner la tête et se mordre... la langue. Tous ceux qui n'en sont pas ne font donc pas partie de Notre histoire. Il n'y a pas plus excluant que ce type d'invitation au partage sélectif, présenté sous la forme de la première personne du pluriel. On n'ose pas penser que c'est un Nous de Majesté.
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