En littérature, on les appelle des nègres ; en informatique, des ghost-programmers. Qu'ils alignent des lettres ou des chiffres, ils travaillent dans l'ombre au service de leur employeur. D'un artiste, par exemple, qu'on se plaît à imaginer handicapé du clavier, prompt à déléguer les aspects techniques aux soutiers du code. Que nenni, les artistes programmeurs sont une espèce en développement dans les arts numériques, de plus en plus nombreux à mettre les mains dans le cambouis pour se forger leurs propres outils. Manipulant le code informatique avec aisance, ils s'appliquent à maîtriser toute la chaîne de la création. Ils sont à l'honneur du festival Make Art, lancé par la jeune association poitevine Goto10, créée en 2003 par Aymeric Mansoux, artiste numérique, et Thomas Vriet, passionné de musiques électroniques et expérimentales, animateur sur la radio associative Atmosphère (1). Outre les événements voués aux arts numériques, Goto10 organise régulièrement des ateliers de conception d'outils logiciels à destination des artistes et fédère un collectif d'une douzaine d'artistes éparpillés à travers l'Europe.
Volonté louable. Depuis mardi et jusqu'à dimanche soir, le festival s'applique à faire découvrir par le biais d'ateliers (Pure Data), de conférences (streamées sur le Net), de performances et de concerts, ces artistes programmeurs et plus largement la culture du logiciel libre, dans la lignée de festivals pointus comme Placard, Piksel (Norvège), Pixelache (Finlande) ou d