Un homme d'origine maghrébine, la soixantaine, vient déposer une liste de lectures scolaires. Il y a plusieurs titres, c'est assez pressé, un peu angoissant, dirait-on. Pas de souci, tout sera là d'ici trois jours et «non, non... ce n'est pas la peine, vous paierez le tout à réception». La cinquantaine, lunettes fatiguées, brushing rebelle, une dame lui succède. «M'enfin, pourquoi ce titre n'est plus disponible ? On dirait que les éditeurs en veulent à mon programme, c'est un classique, pourtant... J'ai préparé mon cours, j'ai prévenu les élèves, et voilà...» C'est Aubervilliers, un samedi, au sein des Mots passants, librairie de quartier qui joue son rôle de relais scolaire. Une vitrine Mozart, une autre autour de la Madrilène Rosa Montero qui sera là demain à 16 heures pour la Fille du cannibale (Métailié), une sorte de thriller sur fond de guerre d'Espagne. Et à l'intérieur, sur plus de 80 m2, 10 000 titres.
Poing levé. Etre du quartier, c'est aussi proposer des livres sur les différentes communautés immigrées. La collection «Français d'ici, Français d'ailleurs» (Autrement). Les Mots du bled, de Dominique Caubet (L'Harmattan), qui interroge divers artistes contemporains et le rapport entre leurs créations et leur langue maternelle. Eclats de mémoire, de Georgia Makhlouf (Al Manar), touchants instantanés sur le Beyrouth d'avant la guerre et l'exil. Plus loin, parmi les essais, deux livres semblent lever le poing : Putain d'usine, de Jean-Pierre Levaray (Agone), et l'Usine à