Entre les deux mammouths et mamelles de la mode que sont les groupes LVHM et PPR, y a-t-il un interstice viable pour de jeunes créateurs indépendants ? A l'heure des défilés-mégashows aux budgets exponentiels, du carton interplanétaire des H & M et autre Zara et de la déferlante textile low cost chinoise, la question paraît apporter en soi la réponse : à moins d'être adossé à un financier en béton armé, grand est le risque du hara-kiri ou du moins de la survie ric-rac. Pour autant, certains y croient encore et plongent les mains dans le cambouis de la petite entreprise. Exemple avec deux d'entre eux, Felipe Oliveira Baptista et Gaspard Yurkievich.
Le premier, 31 ans, vient de présenter sa troisième collection haute couture. Portugais, formé au stylisme en Angleterre, il a d'abord travaillé pour Max Mara en Italie, est devenu l'assistant de Christophe Lemaire avant de passer une saison chez Cerruti au terme de laquelle il a remporté le Festival des arts de la mode de Hyères, spot fiable en terme de révélation de talents. En 2003, il crée avec sa femme Séverine sa propre marque de prêt-à-porter. Et, en 2004, premier défilé haute couture dans le calendrier officiel, en tant qu'invité parrainé par Gaultier et Hermès.
A quelques jours de sa présentation couture été 2006, il nous reçoit dans son atelier-show-room du Xe arrondissement de Paris, plutôt détendu. «Là, on attend les vêtements qu'on fait fabriquer en Vendée et on croise les doigts, pour que le camion n'ait pas d'accident,