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Libération
Critique

Baur décode les codes

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publié le 10 février 2006 à 20h18

Il faut le souligner, l'ouvrage collectif que coordonne le designer Ruedi Baur est un gros poids intriguant. Il suffit de feuilleter ce collage-rébus pour constater que son titre, la Loi et ses conséquences visuelles, déborde son strict intitulé, pour pervertir les interdits du graphisme ou de la narration. Objet réversible, danse des typographies, mise en abyme des images, théâtralité des mises en page. Lors de la conférence donnée à la galerie Anatome pour présenter cette somme, un des auteurs, le philosophe Pierre Legendre, s'en faisait le chantre : «Un livre est toujours un objet d'architecture, un écrin pour la couleur, les mots, avec des vestibules, des coulisses. Les livres sont comme des lieux, les lettres comme des personnes.» Et ajoute non sans malice qu'il revendique «le droit à l'incompréhension». Il se trouve donc forcément en complicité avec le graphiste Ruedi Baur quand ce dernier affirme : «Il y a une peur du trou. Le poinçon signalétique est trop étroit, il pèse. J'essaie d'éviter les flèches. Il faut savoir se perdre, réaccepter l'imperfection.»

La croix. Il n'est donc pas désorientant qu'aujourd'hui Ruedi Baur, concepteur avec son atelier Intégral des signalétiques du Centre Pompidou et de la Cinémathèque française à Paris, pose la question, avec des philosophes, juristes, graphistes, politologues : «Comment la culture, et plus particulièrement les arts visuels, dans nos sociétés occidentales remplissent-ils le rôle de purificateurs moraux ?»

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