Voici une librairie, tout juste sexagénaire, que l'on peut décider de visiter avec son matériel d'escalade. Six étages, 1 400 mètres carrés de salles et d'alvéoles ; 150 000 titres classés au sein de plus de 1 500 rayons thématiques ; des libraires, des libraires et des libraires : une grosse quarantaine. Les bacs plastiques chargés de livres défilent sur des roulettes, cachant parfois un libraire charriant des piles de nouveautés, un autre, délicat, tenant du bout des doigts l'exemplaire de fonds à peine réassorti. Sauramps, Montpellier : son profil pyramidal, sa drôle de verrière, qui fut un temps le solarium d'un hôtel de bonne tenue, son gigantisme développé en toute indépendance. A ce stade-là, on ne parle plus de librairie généraliste mais de librairie multispécialisée, références pléthoriques obligent.
Concentré de l'esprit. D'ici un mois, le Printemps des poètes installera son campement au coeur du «chant des villes», thématique de l'année. Depuis sa création, sous l'impulsion de son cofondateur, le poète Pierre Torreilles, la librairie qui se garde bien de ne vivre que pour ses têtes de gondoles et ses meilleures ventes propose un rayon poésie comme il en existe peu en France. Du plus prescrit au moins médiatisé, les grands écarts du domaine sont là, sorte de concentré de l'esprit d'un lieu qui ne cesse de pratiquer la sacro-sainte «péréquation» des libraires attentifs aux mémoires, vies et devenirs du livre : un oeil sur les incontournables ou les titres éphémèr