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Libération

Soeurs sans sourire

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A Rouen, Trish Morrissey joue avec les stéréotypes des photos de famille à travers une série de clichés mis en scène.
publié le 11 février 2006 à 20h19

envoyée spéciale à Rouen

Elles sont deux, si l'on excepte des genoux anonymes glissés au bord d'un cadre, une main fortement veinée accrochée à un verre d'apéritif ou des doigts sur l'objectif.

Au fil de la série photographique, les deux soeurs, séparées par sept ans d'écart (d'où le titre Seven Years), défilent comme dans un catalogue. Le pique-nique, la sortie de la maternité, l'anniversaire, la scène balnéaire... Chaque image est légendée d'une date, le tout couvrant une période de vingt ans, de 1967 à 1987.

Fiction. Dans ce travail récent qui joue avec les stéréotypes des photos de famille, Trish Morrissey (née en 1967) se présente avec son aînée dans des mises en scène très précises. Avec perruque, une ombre de moustache, vêtues de pantalons de tergal ou de robes courtes fifties, elles se mettent dans la peau des membres d'une famille d'Irlandais moyens.

Des êtres calqués sur elles-mêmes, sur leur propre entourage, ou de fiction. Ici une tante à la bonté catholique, là un boy-friend protecteur, assis sur le capot de sa voiture, ou bien un enfant en short qui a attrapé un lapin dans le jardin.

Mais il y a quelque chose qui cloche : les deux soeurs ne sourient pas. Un décalage avec la photo de famille type, ses attitudes convenues, ses figures interchangeables et son bonheur de façade. L'attention se porte alors sur la gestuelle : les mains qu'on ne sait jamais où poser, les coudes sur les genoux, corps penché en avant en une mâle et gauche attitude, les yeux fermés au moment