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Libération

Elton Dean, le souffle coupé

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Le saxophoniste anglais, à l'avant-garde du jazz européen, est mort mardi à 60 ans.
publié le 13 février 2006 à 20h19

Sans Elton Dean, Elton John n'aurait jamais existé... A l'époque, le premier était saxophoniste de Bluesology, fleuron du «British Blues Boom» et groupe à géométrie variable du chanteur double-mètre Long John Baldry. Le pianiste en était un petit binoclard rondouillard nommé Reg Dwight, dont l'ambition affichée de devenir rock star était un sujet de plaisanterie pour les autres. Lesquels ne cessaient de persécuter l'aspirant diva sur le thème du : «Ben mon vieux, c'est pas gagné avec un nom pareil.» Un soir sur scène, ses yeux s'étant posés successivement sur Elton Dean qui chorusait et John Baldry qui gesticulait, Reg Dwight eut l'inspiration : «I got it !» dit-il, ce qui signifie «Eureka !» en anglais. A la fin du set, «Elton John» était né.

Chez Bluesology, Elton Dean (né à Nottingham en 1945 et venu au jazz via audition de Sidney Bechet) va aussi rencontrer quelques futures figures importantes du jazz avant-gardiste anglais ­ dont le trompettiste Mark Charig, le tromboniste Nick Evans et le clavier Keith Tippett, tous appelés à participer au fameux sextette dirigé par ce dernier. Sa complémentarité avec Tippett poussant ensuite l'altiste à jouer un rôle majeur au sein de Centipede, invraisemblable big band rassemblé par le pianiste expérimental : 55 musiciens (dont Dudu Pukwana, Mike Patto, Robert Wyatt, Zoot Money, Maggie Nichols, Julie Tippett...) issus du rock, du jazz et du classique.

Liberté. En 1969, tout en collaborant au London Jazz Composer's Orchestra dirigé par