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Libération
Critique

Patte muse et Baer se gondole à l'italienne.

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publié le 13 février 2006 à 20h19

Jean-Marie Patte et Edouard Baer ne se sont jamais rencontrés. Tout les sépare. L'Italie, présentement, les réunit. Patte, seul en scène au théâtre d'Evreux dans Tout simplement en train de vivre (1), nous fait entendre des pages de Carnet vénitien (Ed. le Promeneur), un texte envoûtant de Liliana Magrini sur sa ville. Baer, entouré de 22 acteurs et de 5 musiciens sur la scène de la Cigale, raconte la Folle et Véritable Vie de Luigi Prizzoti, un canevas de sa composition.

Diabolique. Amie et traductrice de Camus, Magrini lui confia son Carnet vénitien, écrit en français et réédité il y a trois ans. Dans sa préface, Roger Grenier dit que les phrases de Magrini «sont le charme même».

Jean-Marie Patte n'entre pas en scène, il s'y promène, un cahier ouvert en main où il a recopié des pages de ce livre aimé. Il lit à haute voix a capella. Tension douce du ton, modulation discrète mais nette du lancé des mots. Cela n'a l'air de rien, c'est diabolique. «C'est peut-être la chose la plus difficile que j'ai jamais faite», dit Patte. Une promenade de mots dans Venise. Rien de spectaculaire. Le faible est son fort. Patte est venu dans ce théâtre ami qui l'avait déjà accueilli en 1999 pour Demi-Jour. Il voudrait que cette première halte dans le texte soit suivie d'autres, ailleurs. Dans l'ombre, Kimon Dimitriadis, l'ami de longue date, veille à la régie. Philippe Marioge signe, comme toujours, la scénographie. Une équipe fine.

Baer aussi est seul en scène au début de son spectacle en forme