Ça commence forcément par un gag de «petit canaillou». En 1957, Darry Cowl fait une entrée fracassante dans l'histoire du cinéma en se trompant de porte. Sacha Guitry, qui l'a repéré dans un numéro de cabaret, lui a commandé cette simple apparition : dans Assassins et voleurs, il arrive au tribunal, où l'on juge Michel Serrault, et témoigne à propos d'une tout autre affaire ; il s'est gouré de salle d'audience. Son improvisation est géniale, zozotante et bégayée, emberlificotée à souhait, constituant la clé de son personnage comique. Frisotté, lunetté, il a d'emblée cet air ahuri de poussin tombé du nid, qu'il promènera dans 182 films. Pas toujours des chefs-d'oeuvre bergmaniens, mais sa popularité vite acquise de Triporteur en folie n'empêchait pas l'estime des plus grands metteurs en scène, notamment Alain Resnais, qui lui offrirent quelques beaux rôles en fin de course.
Au-dessus du vide. Darry Cowl est né André Darricau en 1925 à Vittel (Vosges), et bégayait vraiment depuis l'âge de 6 ans, après que sa gouvernante l'avait suspendu par la fenêtre au-dessus du vide. Etudes de musique au Conservatoire de Paris, débuts comme pianiste-accompagnateur de cabaret, il trouve sa voie de fantaisiste en montant sur scène. C'est aux Trois Baudets, en 1950, et il décrit lui-même son premier succès : «J'arrivais, je regardais le public, et j'étendais du linge sur un fil. D'abord sur scène, ensuite dans la salle. C'était tout, un quart d'heure. Mes sketches, c'est du pas drôle. Je ne sai