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Libération

De l’islamophobie

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publié le 17 février 2006 à 20h22

En France, on est raciste, mais on n’est pas islamophobe : voilà un bon slogan réaliste, non ? Le lexique de l’ordinateur sur lequel ce slogan vient d’être écrit ne reconnaît pas le mot islamophobe. C’est un ordinateur déjà vieux, presque mort : il a trois ans. Aujourd’hui, on vieillit jeune et longtemps, mais on meurt vite. Et les choses meurent d’être inutiles. Depuis, le mot islamophobie est entré dans le Robert. On l’a installé entre islamiste et islandais. Le dictionnaire n’est pas une Bible, mais c’est un excellent dîner en ville, une soirée chez les Guermantes : les mots y entrent quand ils ont fait leurs preuves, montré leur réputation. L’islamophobie, selon Robert, est une «forme particulière de racisme dirigé contre l’islam et les musulmans, qui se manifeste en France par des actes de malveillance et une discrimination ethnique contre les immigrés maghrébins». Ceux qui parlent de «racisme anti-musulman» ont dû lire le Robert. A moins que ceux qui écrivent le Robert n’aient écouté ceux qui parlent de «racisme anti-musulman». A priori, «racisme anti-musulman» semble une aberration ­ surtout dans un pays comme la France où le racisme n’a vraiment pas besoin du mot musulman pour vivre : les mots arabes et noirs suffisent ; les mots, et les hommes. Ce ne sont pas des musulmans qu’on refuse chez nous à l’embauche : ce sont des noms et des couleurs de peau. Mais Robert a bordé ses définitions : à «racisme», on apprend que ce mot ne concerne pas seulement les races ; il vi