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Libération
Reportage

Japon, le luxe au corps

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Quelle étrange pulsion pousse les Japonaises dans les bras des marques de luxe françaises ou italiennes ? A Tokyo, la photographe Chantal Stoman a traqué ces instants où les filles vacillent devant les vitrines.
publié le 17 février 2006 à 20h22
(mis à jour le 17 février 2006 à 20h22)

Regardez ! C'est une bague Cartier. Je l'ai achetée hier. Combien vaut-elle à votre avis ?» Kaori, 31 ans, rit aux éclats. «2 millions de yens (14 330 euros, ndlr)», s'exclame la jeune femme. «Elle est magnifique n'est-ce pas ? 2 millions de yens, ce n'est pas cher. Dès que je l'ai vue, j'ai craqué !» Rimmel aux yeux, jean délavé, talons aiguilles, bague diamantée et visage de porcelaine, Kaori, déesse réincarnée d'un vieux Mizoguchi, est une «hôtesse de bar». Une hôtesse de luxe qui assume, dit-elle fière et poupine, son «métier». Peu compliqué. Il lui suffit de boire de l'alcool et de discuter de la pluie et du beau temps, jusqu'à pas d'heure, avec des patrons aisés. Kaori exerce dans un club très sélect de la capitale, à deux pas de la Namiki-dori, artère de Ginza, quartier de Tokyo où le mètre carré vaut de l'or. Elle roule en Porsche et vit dans un appartement de standing avec sa mère, qui préfère les Jaguar. Kaori avoue gagner «au moins 3 millions de yens mensuels» (21 000 euros). Nets. «Parfois plus...» S'offrir, avec ce butin, des articles onéreux lui procure, explique-t-elle, «un plaisir insensé». «Les grandes marques, l'atmosphère dans les boutiques, le service offert, les articles très chers, tout cela me passionne. Cela me procure beaucoup de plaisir.» La jeune femme s'offre en cascade bijoux, sacs de luxe, robes du soir, diamants. A Tokyo, mais aussi lors de ses allers-retours express à Paris, Genève, Londres, Singapour, Dubaï ou Hongkong, Kaori n'achète alors j