Le «pass pass le oinj», de NTM. Le «wassssup» de la pub Budweiser. Le «Bouge de là» de MC Solaar... On connaît tous un gimmick lexical ayant investi durablement l'espace médiatique. Jaillie de la publicité, du cinéma, ou de la musique, cette invention taillée par un habile créatif pop culturel squatte quelques mois les bureaux, les bistrots, les halls d'immeuble ou les cours de récréation. Cette labile interjection est censée régénérer la fonction phatique de nos sociétés atomisées : genre «ça va ?» devenu «ça farte ?» (Brice de Nice). A cet égard, le single En mode de Rohff est bien parti pour servir de slogan hivernal à succès. Pape peu médiatisé du rap hardcore français, Rohff atteint pourtant des ventes astronomiques (près de 300 000 exemplaires pour le dernier album). On ne sait pas très bien si l'expression «en mode» a été «pécho» dans les quartiers. Peu importe. Pour Rohff et sa bande, habillés en sweat shirt Scarface dans le clip, la question n'est pas d'être «à la mode» (Vogue), ou «victime de la mode» (MC Solaar encore), mais d'être «en mode». «J'suis en mode victoire», démarre-t-il avec un style Eminem frenchie, «En mode je rappe mieux que toi/ En mode gros son au même caractère que moi/ En mode j'rappe trooop bien...» Impossible de tout énumérer. Une centaine d'«En mode» se succèdent. Le refrain suffit à résumer l'affaire : «Je suis en mode 9-4/ Je suis en mode t'inquiète/ Je suis en mode 4 x 4/ Je suis en mode mitraaaaillette.» C'est comme si Rohff se livrait à
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