Nous avons eu l'occasion de défendre le travail du chorégraphe et metteur en scène belge Alain Platel, parfois accusé de faire de la «réalité-danse» de mauvais goût. Nombre de ses pièces eurent le mérite de renouveler la dramaturgie, d'introduire une danse libre sans carcan chorégraphique conventionnel, de brasser les genres (hip-hop, classique, disco...) et de donner à des interprètes non issus de conservatoires ou d'écoles (dont Sidi Larbi Cherkaoui) l'occasion de faire de la scène un lieu d'expression.
Alain Platel n'a pas renoncé à ces principes de base, et les dix interprètes de sa nouvelle création, vsprs, sont toujours uniques et intrigants. Comme auparavant, les musiques du répertoire servent de tremplin à l'écriture d'un opéra contemporain avec présence des musiciens sur scène. Pour vsprs, ce sont les Vêpres de la Vierge de Monteverdi, que Platel sifflota enfant, objet d'un traitement jazzo-tzigane par l'ensemble baroque Oltremontano, sopranos, groupe de jazz Aka Moon et deux manouches. Les musiciens trouvent une niche à leur dimension dans le monumental décor de Peter De Blieck.
Mais ce dernier est si imposant, et objet de tellement d'attention de la part des danseurs, qu'on le prend parfois en détestation. Montagne de chiffons ou de sous-vêtements blancs, ce décor se fait pente glissante ou crèche, ne laissant aucune chance de lui échapper. Et la danse ne nous est pas d'un grand secours pour saisir le propos de cette oeuvre très spectaculaire, imprégné de visions de