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Libération

Ray Barretto frappe au paradis.

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Le percussionniste à l'énergie musicale bouillonnante est mort vendredi à 76 ans.
publié le 20 février 2006 à 20h22

Tout le gang était là, ceux de Porto Rico, ceux de Cuba. Et parmi eux, celui dont Bernard Lavilliers annonçait le furieux solo de congas en proclamant son nom : «Ray Barretto !» En 1979, le tube la Salsa a introduit auprès du grand public français ce musicien déjà idole des Antillais et des Africains de la métropole. La chanson fut enregistrée à New York, avec les musiciens du label Fania. Qui répandait à travers le monde la bonne parole de cette exubérante musique latine, et qui avait imposé toute une galaxie de vedettes : les chanteurs Hector Lavoe ou Celia Cruz, les pianistes Larry Harlow ou Eddie Palmieri, le percussionniste Ray Barretto.

Raymond Barretto était ce qu'on appelle un pur «Newyorican», né à Brooklyn (le 29 avril 1929) de parents portoricains. L'an dernier, il racontait dans ces colonnes (1) son enfance pauvre dans le ghetto, élevé par sa mère, et sa décision de s'engager, à 17 ans, dans l'US Army faute d'autres perspectives. Il se retrouve ainsi à Munich, où il découvre le be-bop, joué par des soldats noirs qui tapent le boeuf avec des Allemands férus de «musique dégénérée».

Premier tambour.De retour aux Etats-Unis, il achète son premier tambour. Le trompettiste Dizzy Gillespie vient de provoquer un séisme dans le monde du jazz en introduisant dans l'orchestre la percussion latine du Cubain Chano Pozo. Quand Pozo est abattu dans un bar pour une embrouille de marijuana en 1949, le cubop (pour «cuban be-bop») s'est imposé, et aucune formation ne peut se passer d