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Critique

Y a-t-il un auteur bien vivant?

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publié le 20 février 2006 à 20h22

Ce qui est bien au théâtre c'est que les comédiens sont vivants. Fringants ou décatis, sous les feux de la rampe, ils le pètent forcément, le feu. On les voit respirer, soupirer, transpirer... Mais les auteurs ? Qu'est-ce qu'un auteur vivant ? Il y a les classiques, morts depuis longtemps mais, revenants en rut, ils ont toujours quelque chose à nous dire. Et il y a cette catégorie étrange, «les classiques contemporains», biologiquement morts et en classe accélérée de «classiquation», ainsi Beckett, 100 ans d'âge en avril, mort plus vivant que jamais. Et puis il y a les «auteurs vivants» et là, ça se complique.

Pas très vifs. Une horde d'«auteurs vivants» a ainsi lancé une OPA (opération pro-auteurs) victorieuse sur le théâtre du Rond-Point. Le plus malin de tous, Jean-Michel Ribes, en est devenu le directeur. Pour monter des «auteurs vivants» au sens strictement biologique du mot. C'était leur cheval de bataille à tous, c'est devenu un piège. Au Rond-Point, on ne peut monter que des pièces d'auteurs pas enterrés. Roland Topor a donné sa dernière pièce à Ribes, lequel ne peut pas la monter puisque Topor n'est plus de ce monde depuis avril 1997. De même pour Koltès, Lagarce, interdits de Rond-Point, ce qui n'est pas trop grave car on les monte souvent ailleurs. C'est plus dommageable pour des auteurs plus méconnus comme Ivane Daoudi, mort il y a douze ans dans la fleur de l'âge. De là à dire qu'au Rond-Point on joue régulièrement des pièces plus mortes que vivantes, il n'y a qu