Ali Farka Touré, guitar hero d'Afrique, est mort hier matin à Bamako, au Mali, d'un cancer. «Je suis très fatigué», nous disait-il en juin 2005, à Paris, alors qu'il assurait la promo de son album en duo avec le compatriote virtuose de la kora Toumani Diabaté, In the Heart of the Moon. Le mois dernier, Ali Farka Touré avait reçu un Grammy Award américain (son deuxième), pour ce disque produit par World Circuit, le label anglais qui le rendit populaire avec, en 1994, Talking Timbuktu et Ry Cooder.
Don. Songhaï du Nord du Mali, Ali, dixième fils d'un clan de cultivateurs, et premier à atteindre l'adolescence, est appelé Farka, «âne», parce que fort comme un... Contre la volonté de ses parents, il veut faire de la musique. Il en parlait comme d'un don reçu à 13 ans des djinns du fleuve Niger, quand il s'est mis à utiliser la plupart des instruments (ngoni à deux cordes, flûte peule...) et langues (dont le tamachek berbère) de sa région natale. Chauffeur à la fin des années 50 en Guinée, Ali, fasciné par le jeu de Keita Fodeba, adopte la six-cordes.
Au Mali, Ali Farka Touré est l'un des premiers à électrifier les airs traditionnels du nord du pays, où, de 1962 à 1971, il dirige la troupe artistique de Niafunké, son village situé dans une région semi-désertique, qu'il administrera. «Je ne voulais pas me présenter, pour me consacrer à ma ferme. Les gens m'ont imposé la mairie. Maintenant, je suis secondé par des jeunes capables. Je leur dis : "Seul le bon dieu sauve les testicules d