Menu
Libération
Interview

Le rayonnement de l'idée européenne

Article réservé aux abonnés
L'exposition met l'accent sur cet héritage des penseurs et philosophes du temps.
publié le 8 mars 2006 à 20h34

«Il n'y a plus aujourd'hui de Français, d'Allemands, d'Espagnols, d'Anglais même, quoi qu'on en dise ; il n'y a que des Européens», écrit Rousseau en 1771. L'exposition «Lumières ! Un héritage pour demain», conçue par Tzvetan Todorov et Yann Fauchois, entend marquer la dimension européenne des Lumières, en insistant sur la grande «conversation» entre les philosophes et penseurs du XVIIIe siècle.

Utopies. L'intention était de dégager les Lumières des problématiques nationales, notamment françaises, puisque la France, à travers la Révolution, s'est faite la championne du projet et s'en est souvent attribué la paternité. Tzvetan Todorov (1) affirme ainsi, à travers ce prisme européen, l'actualité des Lumières, mises à mal par une certaine critique qui voudrait surtout y voir les prémices d'un rationalisme totalitaire, engendreur d'utopies monstrueuses. Le postulat de base reste : la connaissance libère. Si certains comme Turgot («Les moeurs s'adoucissent, l'esprit humain s'éclaire, [...] la masse totale du genre humain [...] marche, quoique à pas lents, vers une perfection plus grande») croient au progrès invincible, les Lumières reconnaissent à l'intelligence plus d'ombre qu'il n'y paraît. Chez Rousseau, il n'est question que de perfectibilité : «Le bien et le mal coulent de même source.» Hume dit : «Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure de mon doigt.»

Les Lumières sont un humanisme, insiste Todorov, et sa pensée s'articu