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Libération
Critique

André Minvielle étire la langue.

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publié le 10 mars 2006 à 20h35

Bien qu'hébergé aux portes de Paris, André Minvielle, le Gascon, n'a renié ni ses origines, ni les ondulantes inflexions de son parler occitan pour une diction façon Ménilmuche. Depuis cinq ans, le poète-chanteur a entrepris un cheminement autour du thème «suivez l'accent», qui l'entraîne dans les recoins des expressions vernaculaires. Parti de Toulouse, son projet l'a conduit jusqu'au Mexique. Aujourd'hui, il fait donc escale à Ivry-sur-Seine. Dans ce théâtre Antoine-Vitez où est née l'idée même, voici une quinzaine d'années, des résidences de création dans le domaine de la chanson ­ alors qu'elles faisaient déjà florès dans le théâtre.

«Vocalchimiste». Répondant à l'invitation de la directrice du lieu, Leïla Cukierman, le «vocalchimiste» nourrit sa saga nomade, Chansons la langue, au travers d'ateliers débutés en novembre avec les Ivryens (et leurs 27 origines différentes), et d'actions en ville. Ce qui donnera aussi bien une didactique Zeta Chansong d'inspiration hispano-américaine, qu'un Ivry Body créé in situ.

En mission pour fustiger l'uniformisation, «cette voix neutre», révéler les identités des enracinés comme des déracinés, le «chansonologue» selon sa propre définition, collecte les graves et les aigus dans un tour de chant baigné par les musiques de tous les terroirs (jazz, java, valse... jusqu'au Brésil de Vinicius de Moraes et à la cumbia colombienne), entouré du complice accordéoniste, Lionel Suarez, et du Petit Orphéon, trois jeunes cuivres qui savent sortir de