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Libération

Camus est vivant

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publié le 10 mars 2006 à 20h35

Les écrivains sont comme les autres : ils finissent par survivre aux scandales qu'ils ont provoqués ou dont ils furent l'occasion. Six ans après l'affaire qui, à la publication de la Campagne de France (Fayard), en fit un célèbre antisémite pour ceux qui ne l'avaient jamais lu, Renaud Camus continue de publier des livres de toutes sortes et de bonne qualité. Le silence qui les accueille ressemble à celui qui les enveloppait avant l'indignité spectaculaire dont il fut le sujet. On cogne, on essaie de tuer un peu et puis on oublie : il y a tant de nobles combats à mener ! Tel Géronte, Camus fut mis un jour en sac et bastonné par des hommes de main à plume dont la rouerie valait bien celle de Scapin. Tel Géronte, il finit par sortir du sac. Il faisait nuit, son corps souffrait, les spadassins avaient rejoint l'auberge où ils contaient leurs exploits. L'écrivain s'est relevé ; il a gémi ; et puis il s'en est remis, parce que la vie n'est rien d'autre qu'une increvable comédie. Ces jours-ci, il publie aux éditions Privat un petit ouvrage très drôle, Comment massacrer efficacement une maison de campagne en dix-huit leçons (122 pp., 20 €). Il séduira quiconque arpente la campagne française et subit sa beauté perpétuellement semée de mauvais goût. Le livre est d'une apparence conforme au sujet qu'il traite, avec ironie, par l'antithèse : atroce. Un rose criard hache la couverture. A l'intérieur, un cahier de 18 photos étale une hideur adéquate : chacune illustre quelque manière de m