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Libération
Critique

I Love You... à mort.

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publié le 10 mars 2006 à 20h35

Si le poète William Blake était encore en vie, il écouterait sans doute I Love You But I've Chosen Darkness pendant qu'il inventerait les premiers vers du Mariage du ciel et de l'enfer, et ramasserait ses songes dans les boucles de guitares mates que recouvre la voix embaumée de Christian Goyer. D'une même manière, John Wayne Gacy userait de The Ghost, le titre introductif, comme d'une bande-son, avant de succomber les membres entravés à l'injection de penthotal pour le meurtre de trente enfants.

Les puristes parlent de new goth et de doom pop, scellant la rencontre entre le rock routier et la new wave anglaise. De leur côté, les cinq musiciens s'annoncent comme «un groupe au son lourd qui utilise parfois des claviers». Cette litanie abrupte, creusée par les dépressions synthétiques et les échos graniteux, colporte un panel assez large des sensations que le corps humain est à même de supporter. D'une vive douleur à l'extase. Des ténèbres au soleil. La faute à ces lignes de guitare basse rauques (According to Plan), à cette batterie dont le timbre clair claque aux tempes (Lights), à ces silences pesants (The Owl) qu'équilibre une réverb aciérée.

Blues blanc. Formés sur les risées de Windsor for the Derby et Paul Newman, deux groupes établis à Austin, Texas, I love You... se fait un nom dès 2001 en montant sur les dizaines de scènes qui jalonnent la ville. Dominée par le blues blanc, la cité voit émerger une flopée de musiciens plus marqués par les années 80 londoniennes que par