Rue Léon-Frot. Des vitrines si grandes qu'un seul regard ne peut les embrasser. Les thématiques abondent : le colonialisme et l'esclavage, l'art et les enfants, l'actualité romanesque, l'architecture. Au milieu des livres, un pot de peinture forme symbole : attention, peinture fraîche ! La librairie La Friche vient juste de voir le jour.
Dans un récent essai sur l'art africain (Flammarion), Jean-Louis Amselle définit à sa manière une friche dans son acception artistique : un lieu alternatif, un espace intermédiaire, un site abandonné où se produisent des formes artistiques nouvelles. Jouer pour le livre son rôle d'intermédiaire, être à l'affût des renouveaux artistiques : voilà un programme que les libraires d'ici semblent vouloir accomplir.
«Rassurant».
«On s'inquiétait, se demandait ce qu'allait devenir cet immeuble..., dit une dame déjà à l'aise. Quand on a vu qu'une librairie s'y ouvrait, c'était tellement rassurant.» Sourires aimablissimes et fébriles des défricheurs du lieu. On les dirait jeunes trentenaires. Leurs choix semblent signifier de manière heureuse leurs âges et préférences : des livres d'art et d'images qui mêlent classiques du XXe siècle et figures consacrées d'aujourd'hui, de la BD et une solide table polar, du graphisme et du graffe. Plus loin, une table de critique de l'ordre social et des médias. En guise de pause roborative, une batterie de livres de cuisine, dont l'étonnant Recettes et autres histoires de poules (Marabout), grand format, que l'autocolla